Jozef Dockx à propos des premiers pas de Dockx

Aujourd’hui, Dockx Rental est la référence dans le domaine de la location de véhicules. L’entreprise a vu le jour dans la Boomsesteenweg à Wilrijk. Jozef Dockx, fondateur et actuel président de Dockx Group, explique à quoi ressemblaient les premiers jours et comment la nouvelle génération (ses enfants Sarah et Joeri Dockx) guide désormais l’entreprise familiale dans la bonne direction.

Fondateur Jozef Dockx

Dans quel genre de famille avez-vous grandi ?

Je suis l’aîné de cinq enfants et j’ai grandi dans une famille chaleureuse et travailleuse. Mon père était indépendant, d’abord dans les fruits et légumes, puis comme chauffeur de camion. Dès l’âge de 14 ans, j’ai su que je deviendrais à mon tour entrepreneur. Je travaillais à cet âge comme étudiant à 20 francs de l’heure, soit l’équivalent d’un demi-euro. Après deux semaines, j’ai réalisé que je ne travaillerais jamais pour un patron. J’ai une aversion innée pour la subordination

Pendant mes études, je faisais déjà le commerce de toutes sortes de choses : des textiles, des tondeuses à gazon, des poêles, et même des antiquités et des voitures anciennes. Mon seul but était de faire des affaires et de gagner de l’argent. Après avoir quitté l’école, il n’a pas été facile, en tant qu’étudiant, de me lancer et de me mettre à mon compte sans avoir de connaissances financières. À l’époque, j’ai tout essayé : j’ai été camionneur indépendant pendant six ans, j’ai ouvert deux dancings et j’ai essayé de devenir musicien pop. Mais la société n’était pas encore prête pour notre musique (rires)

 

Comment Dockx Rental est-elle née ?

En 1979, alors que j’avais 26 ans, j’ai repris sept camionnettes et camions de livraison d’occasion de mon père. Au départ du milieu que je connaissais, j’ai cherché ma voie pour obtenir le meilleur rendement en faisant le moins. C’est-à-dire en mettant en circulation des véhicules sans personnel. Avec un capital de 160 000 francs (4 000 €) et ma bien-aimée, la mère de Sarah et Joeri, qui voulait (devait) cosigner pour la banque, les premières pierres étaient posées. Le reste appartient à l’histoire. Dieu a créé le monde et moi j’ai créé Dockx (rires).

 

À quoi ressemblait Dockx Rental dans les premières années ? 

Au début, nous occupions un petit local dans la Boomsesteenweg à Wilrijk, à 100 mètres du siège social actuel. J’ai dormi dans ce garage pendant deux ans entre les bidons d’huile avec le téléphone sous le lit. J’étais extrêmement fier lorsqu’un client me réveillait le matin à 5 heures, par exemple un marchand forain dont le véhicule ne démarrait pas en hiver. À cette heure-là, faire appel à moi était la seule solution.

Je me souviens encore qu’au début je peignais au pinceau des week-ends entiers, sous le pont de Wilrijk, des textes et des publicités sur nos camionnettes. J’ai également peint moi-même la publicité sur la façade du local. Au début, tout se faisait encore à la main, mais cela a beaucoup changé depuis 1980. 

D’ailleurs, tous n’étaient pas d’accord avec mes choix et mes décisions. J’ai dû me battre contre les opinions des autres et contre le monde qui m’entourait. Mais j’ai persévéré. La seule chose que je regrette, c’est d’avoir choisi mon nom de famille comme nom d’entreprise. Toute la famille est interpellée à ce sujet, même ceux qui n’ont aucun rapport avec l’entreprise. Je n’en avais pas tenu compte, je ne m’attendais pas à ce que l’entreprise devienne si grande. Le concept a été une réussite dès le premier jour et le succès nous est tombé dessus.

 

Comment vos enfants ont-ils abouti dans l’entreprise ?

Au départ, il était clair à mes yeux que mes enfants ne pouvaient pas entrer dans l’entreprise. Je ne voulais pas devenir une famille entrepreneuriale typique où les affaires font constamment l’objet de discussions à table et à chaque réunion de famille. Je voulais préserver les liens familiaux. De plus, je voyais aussi beaucoup d’entreprises familiales que les enfants abandonnaient parce qu’ils avaient été poussés dans ce rôle de successeur. Vous ne savez pas s’ils vont être compétents. Mais à un certain moment, j’ai vu que mes enfants avaient cet esprit d’entreprise. La pomme n’était apparemment pas tombée loin de l’arbre. De plus, ils s’entendent très bien tous les deux. C’est un tandem que l’on envie. 

Quand mes enfants étaient dans la vingtaine, je leur ai finalement posé la question. Je n’ai même pas eu le temps de finir ma phrase qu’ils me disaient déjà « Oui ». Seul Joeri a encore pris le temps de marcher d’Anvers à Compostelle, sac sur le dos. C’était juste après ses études, et cela lui a permis de réfléchir à ce qu’il voulait faire de sa vie. À son retour, il a lui aussi commencé chez Dockx.

 

Comment s’est passée la collaboration ?

Dès le premier jour, je leur ai dit qu’une chance se présentait à eux mais que les choses n’étaient nullement définitives. Nous ne prendrions de décision que cinq ans plus tard. Mes enfants devaient également commencer sur le terrain. Je me souviens que Joeri devait conduire un camion dans Bruxelles. Ils sont passés par tous les niveaux : les déménagements, du travail au garage aux tâches administratives en passant par l’affranchissement du courrier. Puis j’ai vu qu’ils étaient des superstars : le rendement n’a jamais été aussi élevé depuis que les enfants sont arrivés à bord.

Cependant, travailler avec ses enfants est complexe. Il faut constamment faire la distinction entre son rôle de père et celui de chef d’entreprise. En même temps, vous devez les laisser voler de leurs propres ailes. Il y a d’un côté l’expérience de l’ancienne génération et, de l’autre, l’énergie mais aussi l’impétuosité de la jeune génération. Il y a des conflits, bien sûr, ils existent et c’est humain, mais ce que nous partageons est toujours plus fort que ce qui nous divise. Je ne me qualifierais pas de conservateur, mais en quarante ans, je me suis souvent cassé la figure et il est normal que je veuille éviter cela à la jeunesse. En même temps, je suis constamment à la recherche de changement et les jeunes excellent dans ce domaine. C’est pourquoi j’aime m’entourer de jeunes. Leur enthousiasme, leur dynamisme et leur quête de carrières intéressantes et d’innovation me fascinent. 

 

Quels conseils avez-vous donnés à vos enfants ?

Nil volentibus arduum - à cœur vaillant, rien d’impossible

Rester humble et ne pas prendre la grosse tête. Lorsque tout se passe bien, il y a probablement un problème qui se cache quelque part. Tout change et il y a beaucoup de choses qui échappent à votre contrôle. Il faut travailler 7 jours sur 7 et ne jamais oublier que les collaborateurs avec qui l’on travaille sont des êtres humains. Tout dépend d’eux. Avec les bonnes personnes, il est possible de transformer une centaine d’euros en un million d’euros. Mais, entouré des mauvaises personnes, vous pouvez tout aussi bien transformer un million d’euros en une centaine d’euros. Sur le lieu de travail, il faut toujours garder un œil sur tous les détails, car si les choses y tournent mal, il est certain que la faute se trouve généralement aussi ailleurs, au sommet. Dans ma carrière, j’ai rencontré beaucoup de gens intelligents, dans toutes sortes de fonctions. Surtout aux niveaux inférieurs, on trouve parfois des gens très intelligents, qui n’ont tout simplement pas eu beaucoup de chance dans la vie. Il ne faut jamais l’oublier. 

 

Et l’avenir, comment se profile-t-il ?

Le succès est une route sans fin, il nécessite un travail constant. Et il n’est pas non plus définitif. Nous venons de survivre de justesse au corona. C’est le genre de choses qu’on ne peut pas planifier. On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Je suis très fier de ce que nous avons déjà réalisé. Ce qui existe aujourd’hui n’est pas le résultat de mon travail uniquement. C’est le fruit du travail de toutes les personnes qui sont à nos côtés depuis des années. Je tiens à les remercier tout particulièrement.

Joyce DiDonato, une mezzo-soprano égyptienne, a dit un jour : « Rien n’est acquis. » J’ai réussi ! Ça y est ! J’y suis arrivée ! C’est une illusion ! Le voyage est le but, la destination. La quête n’a pas de fin, et c’est bien. »